Alors que le monde entier a les yeux rivés sur la pandémie de
coronavirus, un incendie majeur a vu le jour le 4 avril dernier à Tchernobyl,
ville ukrainienne où s’est déroulé en 1986 le pire accident nucléaire de
l’histoire.
Pendant plus de dix jours, ce gigantesque
incendie s’est propagé dans la zone d’exclusion de la ville, « le pire incendie jamais observé dans
la région », selon Greenpeace.
Pas moins de 20 000 hectares de forêts ont brûlé ces deux dernières
semaines. Une catastrophe qui a de quoi raviver de nombreuses inquiétudes,
d’autant que plusieurs foyers de ces incendies concernent des secteurs très
contaminés par les retombées radioactives liées à la fusion du réacteur n° 4 de
la centrale en 1986.
Ces feux tout d’abord quasiment maîtrisés puis réactivés par le vent ont
notamment provoqué un énorme nuage de fumée. A tel point que la capitale
ukrainienne était vendredi 17 avril au premier rang des villes les plus
polluées du monde !
Ces feux très actifs se sont développés notamment à 50 km autour de la
centrale, puis d’autres au cœur de la zone de 30 km. D’autres encore se sont
approchés à 3 km du réacteur accidenté.
Ils ont entrainé la remise en suspension dans l’atmosphère du
Césium 137 accumulé dans la biomasse (mais possiblement du plutonium et du
strontium 90) : une augmentation ponctuelle de plus de 700 fois de la
concentration en césium137 dans l’air de la ville de Kiev située à plus de 100
kilomètres au sud de la centrale de Tchernobyl a été mesurée.
De nombreuses questions restent posées sur l’impact radiologique de ces
incendies : pour les pompiers tout d’abord, les populations riveraines ensuite
, pour la sureté des installations nucléaires et les entreposages des déchets
dans la zone d’exclusion. Sont également interrogés les moyens de prévention et
de gestion mis en œuvre pour limiter les rejets répétés de radioactivité.
Le 9 avril les autorités ukrainiennes ont d’ailleurs indiqué « les
incendies à grande échelle peuvent menacer la sécurité environnementale dans la
région ainsi que les installations situées dans la zone d’exclusion où sont
situés les déchets radioactifs, le combustible nucléaire irradié et la centrale
de Tchernobyl. »
Et en France ?
Le nuage radioactif ne s’est pas arrêté aux frontières, exactement comme
lors de la catastrophe de 1986 finalement; Il a traversé toute l’ Europe , y
compris la France.
Selon les estimations de de l’IRSN ces masses d’air ont atteint le
territoire français aux alentours du 7 avril et sont restées 1 semaine
au-dessus du territoire français avant de s’évacuer vers l’Est. Mais les
niveaux de radioactivité observés seraient extrêmement faibles assure l’IRSN; ils
devraient être « insignifiants et sans conséquence sur la santé ».
Jour pour jour, 34 ans après la
catastrophe de Tchernobyl, la contamination radioactive continue et les modèles de dispersion radioactive semblent
les mêmes qu’en 1986.
En ce jour anniversaire, nous nous devons de rester plus que vigilants
aux risques majeurs que nous fait courir le nucléaire car un accident nucléaire ne se répare pas.
Le CRILAN qui a accueilli à Cherbourg
en novembre dernier Yves Lenoir Président de l’association « Enfants de Tchernobyl
Belarus » pour la présentation de son
film « Tchernobyl, le jour d’après « est solidaire des populations encore et à ce jour victimes de
Tchernobyl.
En cette période de confinement le CRILAN propose la lecture du livre « La Supplication : Tchernobyl, chroniques du monde après l’apocalypse » deSvetlana Aleksievitch prix Nobel de littérature en 2015 pour cette œuvre de mémoire.
Monique Dupuis Membre du CA du CRILAN
34 ANS APRES L’INCENDIE DE LA FORÊT DE TCHERNOBYL RÉACTIVE LES CRAINTES ( Yves Lenoir sur Le Media)
https://www.LeMediaOfficiel/videos/230749998237917/
« Il y a énormément de radioactivité dans le sol. Chaque automne les feuilles tombent, et comme elles sont radioactives les micro-organismes du sol n’arrivent pas à les décomposer. Et cette matière végétale non décomposée est évidemment très inflammable. Et le césium qui se trouve dans les feuilles et dans l’aubier des arbres qui brûlent en partieou totalement est libérée. Et passe dans l’air, dans les fumées… »
Voir aussi:
34 ans après, la catastrophe nucléaire de Tchernobyl n’est pas terminée
https://www.sortirdunucleaire.org/34-ans-apres-la-catastrophe-nucleaire-de